REVUE DE PRESSE

Retraites: 66% des Français jugent le projet de réforme injuste

PARIS — Deux Français sur trois (66%) jugent le projet de réforme du gouvernement sur les retraites injuste dans la répartition des efforts demandés, selon un sondage TNS Sofres réalisé pour Europe 1 publié vendredi.

A la question "Le projet de réforme des retraites vous semble-t-il dans l'ensemble juste dans la répartition des efforts demandés ?", 66% des personnes interrogées ont répondu non (dont 40% "pas du tout" et 26% "plutôt pas") alors que 29% ont répondu par l'affirmative.

Parmi les sympathisants de gauche, 80% ont dit non (et 17% oui) et à l'inverse chez ceux de droite 40% répondent non et 56% oui.

Ils sont par ailleurs 68% à estimer que le projet ne permettra pas de ramener le régime à l'équilibre financier d'ici 2018 contre 25% qui estiment le contraire.

Quant à la mesure phare du projet, qui vise à reculer l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, 55% des Français estiment que le gouvernement a tort de vouloir la mettre en place, contre 43% qui jugent qu'il a raison.

Sans surprise, les écarts s'inversent selon la sensibilité politique: les sympathisants de gauche sont 70% à considérer que le gouvernement à tort contre 74% des sympathisants de droite qui trouvent qu'il a raison.

A moins d'une semaine de la prochaine journée de mobilisation du 24 juin à l'appel de l'intersyndicale CFDT-CGT-FSU-Solidaires-Unsa, 39% des Français sont personnellement prêts à participer à des manifestations pour s'opposer au projet. Un pourcentage qui monte à 56% chez les sympathisants de gauche.

Sondage réalisé par téléphone par TNS Sofres les 16 et 17 juin 2010 auprès d'un échantillon représentatif de 960 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

 

 

 

 

 

 

 

Retraites, ne pas se tromper de sujet ! http://www.liberation.fr/economie/0109640077-retr...

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16/06/2010 22:30

08/06/2010 À 00H00

Retraites, ne pas se tromper de

sujet !

TRIBUNE Par BERTRAND MERTZ Maire de Thionville, membre du conseil national du Parti socialiste

La question du financement des retraites n’est qu’une partie d’une interrogation plus générale qui devrait porter sur la répartition de la plus-value produite par l’activité économique. La question de l’âge de départ en retraite n’est que le point de crispation choisi par le gouvernement pour détourner le débat du sujet qui mériterait d’être véritablement débattu car il touche à l’essentiel: le partage des richesses ou, plus exactement, l’insupportable injustice que constitue le partage actuel des richesses. Veut-on quelques chiffres qui permettent de vérifier cette assertion ? En voici :

La Banque des règlements internationaux relevait en juillet 2007 que : «La part des profits est inhabituellement élevée et la part des salaires inhabituellement basse. L’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’ont pas de précédent dans les quarante-cinq dernières années.» Quant à la Commission européenne, elle a calculé dans un rapport de 2007 que la part des salaires dans l’ensemble de l’économie française est passée de 66,5% en 1982 à 57,2% en 2006, soit une baisse de 9,3 points de la richesse totale du pays.

En 1982, salariés et chômeurs représentaient 84% de la population active et se partageaient 6 6 ,5 % de la ric hes s e, toujours s elon les c hiffres de la C ommis s ion européenne. Ils constituent aujourd’hui 92% des actifs, mais ne perçoivent plus que 57% des richesses. La part des travailleurs dans la répartition de la richesse s’est réduite, et en outre elle est divisée entre un plus grand nombre de salariés.

Pourtant, depuis 1982, la richesse créée par actif a augmenté de 30%. Que s’est-il donc passé ? La réponse est simple : les gains de productivité réalisés par le travail ont été accaparés par le capital ! La part du travail dans la répartition de la richesse créée est passée de 74,08% pour les années 1974-1984 à 67,54% pour les années 1997-2007. Ce qui représente aujourd’hui entre 80 et 170 milliards d’euros par an de perte pour le salariat.

Mais ce n’est pas tout! En 1990, 75% de la part du capital étaient destinés aux investissements. En 2007, ce chiffre est tombé à 57%. La part de l’actionnariat, elle, est passée de 22% à 36%.

Si les socialistes français avaient bien voulu entrer dans ce débat en rappelant d’abord ces chiffres, ils ne se seraient pas laissés enfermer comme des débutants dans la controverse stérile de l’âge de départ en retraite et encore moins dans celle, absurde, de la «pénibilité» (néologis me grotes que pour évoquer le c arac tère pénible d’un métier, c omme s ’il était possible d’instituer des critères objectifs de la peine ressentie au travail par chacun).

Car le recul de l’âge légal de départ en retraite ne réglera en rien la question du financement des retraites. A l’heure actuelle, l’âge moyen de cessation d’activité est de 58,9 ans. Le seul effet du recul sera donc de faire que les seniors vont voir s’éloigner l’âge de la retraite et que les dispositifs permettant de faire le lien entre le moment de la cessation d’activité et le jour de la retraite (préretraite, dispense d’activité, chômage...) vont s’allonger dans le temps. Et, c orrélativement, le montant des pens ions va diminuer.

Retraites, ne pas se tromper de sujet ! http://www.liberation.fr/economie/0109640077-retr...

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16/06/2010 22:30

La vérité globale de tout cela, c’est que le niveau de vie en Europe (mais c’est probablement le cas également aux Etats-Unis et au Japon) va baisser dans les dix à vingt ans à venir. C’est là le résultat d’un rééquilibrage du monde en faveur des économies en forte croissance, notamment la Chine. C’est aussi la conséquence de la fin de la croissance à crédit qui a été le mode de développement de l’Occident depuis les années 1970. Cette perspective inévitable, et peut-être même souhaitable, n’est soutenable qu’à la condition d’un rééquilibrage dans la répartition de la richesse à l’intérieur des sociétés occidentales. Or c’est précisément ce que veulent empêcher le président Sarkozy et sa majorité, qui sont au service des intérêts les plus privilégiés.

C’est donc bien de cela qu’il s’agit dans ce débat sur les retraites, et non d’autre chose. Si les socialistes voulaient bien se situer sur ce terrain-là, ils seraient beaucoup plus c rédibles et, s urtout, plus utiles aux intérêts qu’ils veulent défendre.

 

 

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