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Artus mieux que le NPA: 20% d'augmentation pour tous!
On se frotterait presque les yeux à la
lecture de la note datée du 1er juillet ciglée Natixis et signée de la main de Patrick Artus. Celle-ci, publiée à la veille de la rencontre annuelle
du Cercle des économistes à Aix-en-Provence, ou ce professeur à l’X (l’une de ses multiples casquettes) a son rond de serviette, se voulait-elle une pierre dans le jardin de cette réunion
d’ordinaire bien consensuelle ?
Certes, cela fait maintenant quelques temps que Patrick Artus insiste sur la nécessaire hausse des salaires (1) couplée par ailleurs à une hausse des prélèvements sur le capital. Mais de là à exiger 20 % tout de suite et
sans discussion, il y avait un pas qu’il a franchi. Tout en se gardant bien de ne pas trop s’impliquer dans son propos : « Comment éviter l’étouffement de la zone euro par la
dette (publique et privée) : une proposition non-orthodoxe (et qui n’a aucune chance d’être acceptée) », tel est le titre de la note.
Pourtant, la hausse de 20% des salaires accompagnée de la baisse de 20% de la parité de l’euro aurait de nombreuses vertus : « maintien de la compétitivité-prix, réduction des
taux d’endettement avec les taux d’intérêt réels négatifs, relance de la demande et de l’investissement. » Que demande le peuple ? A l’inverse, si rien n’est fait, tel que les
choses sont en place, il y a un important risque d’étouffement de la zone euro par l’endettement.
Comme Patrick Artus n’a rien d’un révolutionnaire, se pose alors la question du sens de cette publication. « Ce mec est socialement intelligent et son truc est très bien perçu par
le monde corporate qui souhaite un retour au compromis fordiste », explique un connaisseur du bonhomme. Traduction : dans nombre d’entreprises, et même au sein de certains
top management, la crise a laissé des traces : l’éloge sans fin de la mondialisation heureuse a sans doute montré ses limites.
L’Europe reste, en effet, la zone la plus importante en termes de pouvoir d’achat. En moyenne, ses 500 millions d’habitants disposent d’un revenu 17 fois important qu’un Chinois. Et ce
demi-milliard d’habitants constitue pour les principales entreprises de la zone leur marché domestique, leur débouché naturel. La paupérisation de leurs salariés considérée comme un facteur
secondaire quasi dans l’ordre des choses s’est petit à petit traduit par l’affaiblissement de la demande la plus solvable pour leurs produits. Exactement le contraire de ce qu’avait
formalisé Ford : l’augmentation du pouvoir d'achat des ouvriers pour stimuler la demande de biens et in fine la consommation.
Si même des orthodoxes comme Patrick Artus commencent se risquent à des papiers pro-fordistes, c’est que le vent est peut-être en train de tourner.
(1) : Pourquoi il faut partager les revenus
Le seul antidote à l'appauvrissement collectif
par Patrick Artus et Marie-Paul Virard, ed. La Découverte
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