DIX CONTRE-VÉRITÉS (source Attac/Fondation Copernic)

Extraits de l'ouvrage "Retraites, l'heure de vérité", Attac/ Fondation Copernic, ed Syllepse

 

 

Dix contre-vérités, à combattre.

Des arguments de réponses

 

Le gouvernement nous dit :

1. "L'âge moyen de départ à la retraite est de 61,5 ans, reculer l'âge légal de départ à la retraite ne changerait donc rien".

 

L'âge moyen de départ à la retraite est celui auquel on fait valoir son droit à la pension. Ce qui est important, c'est l'âge de cessation d'activité. L'âge moyen de cessation d'activité est de 58,8 ans, et six salariés sur 10 sont hors emploi au moment de liquider leur retraite. 

 

2. "L'espérance de vie augmente, c'est normal de travailler plus longtemps".

 

L'augmentation de l'espérance de vie n'est pas nouvelle, elle n'a pas empêché que le temps passé au travail dans une vie baisse en parallèle. De plus, l'espérance de vie en bonne santé est beaucoup plus faible que l'espérance de vie.

 

3. "Les jeunes ne pourront pas financer les pensions des futurs retraités, il faut donc qu'ils travaillent plus longtemps".

 

Pour que les jeunes puissent payer les pensions des retraités, il faut qu'ils ne soient pas au chômage et donc que les salariés âgés laissent leur place sur le marché du travail aux nouvelles générations. Décaler l'âge de départ à la retraite revient à préférer entretenir le chômage des jeunes plutôt que de payer des retraites. La retraite par répartition repose sur un contrat implicite : la génération qui travaille prend à sa charge la génération en formation et celle partie à la retraite.

 

4. "Le système par répartition ne sera plus capable de garantir des pensions décentes aux jeunes générations, celles-ci doivent donc d'ores et déjà se prémunir en se constituant un supplément de retraite par une épargne privée".

 

Si on estime possible de compléter les cotisations pour le système public par répartition par des versements dans une épargne privée, qu'est-ce qui empêche alors d'augmenter les cotisations et de garantir uen meilleure retraite grâce au système de répartition ?

 

5. "Les fonctionnaires sont des privilégiés".

 

Le mode de calcul de la retraite est différent dans le privé et dans le public, mais cela aboutit à un résultat similaire. Dans le secteur privé, elle est calculée sur les 25 meilleures années et les primes sont prises en compte. Dans le public, c'est le salaire des 6 derniers mois, mais les primes ne sont pas prises en compte, et la retraite complémentaire n'est pas de même niveau que dans le secteur privé.

 

6. "Il y aura trop de retraités et pas assez d'actifs".

 

Les projections démographiques ne sont pas des vérités scientifiques et sont basées sur des hypothèses concernant plusieurs paramètres (fécondité, chômage, taux d'activité des hommes et des femmes...). Déjà depuis plusieurs années les projections ont beaucoup varié. 

 

7. "On ne pourra pas financer les retraites".

 

A moins de décréter la paupérisation des retraités, il est normal de couvrir les besoins sociaux liés à l'augmentation de leur part dans la population par un accroissement des prélèvements sur la richesse produite.

 

8. "Les retraites nuisent à la compétitivité".

 

Il est tout à fait possible de garantir à la fois le maintien du taux de remplacement et une progression identique du pouvoir d'achat des retraités et des salariés par une augmentation de six points des cotisations patronales entre 2009 et 2050. Cette augmentation n'aurait aucun effet sur la compétitivité des entreprises, puisque ce scénario est bâti en maintenant à son niveau actuel la part de la masse salariale dans la valeur ajoutée, donc sans impact sur les coûts.

 

9. "Pour financer les retraites, il faut une croissance productiviste".

 

Fonder le financement des retraites sur le partage des gains de productivité ne signifie pas que l'on mise sur une croissance économique forte. Quels que soient les gains de productivité futurs, ils devront être partagés entre le niveau de vie de tous, actifs comme retraités, la satisfaction de nouveaux besoins sociaux et la diminution du temps de travail.

 

10." Les dispositifs familiaux sont contraires à l'égalité entre les hommes et les femmes".

 

Ce sont très majoritairement les femmes qui prennent en charge les enfants et la gestion du foyer. De ce fait, elles sont pénalisées dans leur carrière, elles s'interrompent ou travaillent à temps partiel. Même en intégrant les dispositifs familiaux dont elles bénéficient, leur retraite est en moyenne inférieure de 40% à celles des hommes. Ces dispositifs sont donc encore aujourd'hui essentiels pour réduire les inégalités de pension entre femmes et hommes. Pourtant le droit communautaire européen remet ponctuellement en cause l'existence de tels dispositifs. Il est impossible de se réclamer du principe d'égalité pour augmenter les inégalités.

 

 

 

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